Capitale : Bangui

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En 1989, Bangui fête ses 100 ans. En lieu et place des 3 ou 4 villages de cases et du petit poste administratif des débuts, une ville moderne s'est développée. On ne mesure souvent pas assez en Europe avec quelle brutalité s’est fait en très peu de temps le passage d’une société rurale à une société urbaine. A quel point l’urbanisation a bouleversé la vie du continent africain. 100 ans, alors qu’un millénaire, voire deux et plus, a été nécessaire à l’épanouissement de nos cités.
Banghi, au début du XXe siècle
En mai 1889, Albert Dolisie, l'administrateur de Brazzaville, prend la décision de créer un poste français sur les rives du fleuve Oubangui, à 1200 kilomètres de Brazzaville. La décision est politique, il s’agit de formaliser la possession de cette région de l’Oubangui-Chari, face aux entreprises réelles des Belges de Léopold II qui occupent la rive Est de l’Oubangui et celles, supposées, des Allemands installés au Kamerun (avec un K à l’époque).
Le 26 juin 1889, la fondation de Banghi (avec un H, jusqu’en 1914), est l'oeuvre de deux Français, arrivés sur la canonnière Oubangui avec vingt-deux auxiliaires africains : Uzac, le chef de la zone de l'Oubangui, et Michel Dolisie, le frère cadet d'Albert.
Bangui - L'avenue Emile Gentil 1930
le mot Banghi signifierait, en langue du bas-fleuve - le bobangui - "les rapides".
Mais d'après une tradition orale le mot désignerait un arbre à bois rouge et très dur - un iroko ? - qui, se trouvant à proximité des rapides, servait de point de repère aux habitants.

Après des débuts difficiles et plusieurs changements de l'emplacement du poste, Bangui se développe et devient à partir de 1906 le chef-lieu de la colonie. Elle prend peu à peu les allures d’une petite ville coloniale, puis est érigée en commune en 1911.
En 1913, s’élève à l'ouest du quartier européen un "village indigène dit des travaux". Ici vivent les nombreux travailleurs plus ou moins réquisitionnés, en particulier pour la construction du futur chemin de fer Bangui-Sibut-Crampel. Un projet qui en passe d’être réalisé est abandonné quand éclate la guerre de 1914. L'espace réservé à la future gare, jamais construite, reste longtemps vacant.
Bangui - vue aérienne années 50
Pour les travailleurs indigènes, ce n’est que partie remise. Un autre projet, dévoreur d’hommes, les attend vers le sud. La construction du CFCO, Chemin de Fer Congo-Océan qui doit relier Pointe Noire à Brazzaville sur 512 kilomètres. Un chantier à ce point inhumain, que de nombreux Européens (André Gide et Albert Londres, entre autres) sont effrayés par les conditions de travail des indigènes, et font part de leurs doutes ou leurs dégoûts à leur retour en métropole. Durant les 10 ans d’enfer, de 1924 à 1934, sur les 125 000 hommes recrutés de force, 25 000 meurent d'épuisement, de maladie ou victimes de mauvais traitements.

Jusqu’en 1940, le problème majeur de Bangui, pour les Français, reste son enclavement. Il faut environ 10 jours pour rejoindre Brazzaville par le fleuve et plus de 40 jours pour arriver jusqu’à Paris. Les colons ne se bousculent pas et l’essentiel de la population blanche est constitué d’administratifs et de militaires.
Bangui - Les rapides de l'Oubangui
Bangui compte en 1911, 2000 Centrafricains pour moins de 100 Européens. En 1934, entre 19.000 et 22.000 Centrafricains et 359 Européens. En 1998, la ville abrite près de 650 000 habitants, une véritable explosion démographique. Sur un siècle et avec le même rapport, Tokyo aurait aujourd’hui plus de 600 millions d’habitants et pas 26.
C'est après 1940 et surtout 1950 que se constitue le tissu urbain actuel de la ville.

Aujourd’hui, on peut lire dans les ruines qui parsèment la ville, l’histoire de ces 25 dernières années. Une habitude dommageable du pays, consiste apparemment à détruire les bâtiments et les maisons ayant appartenues à des régimes ou dirigeants renversés. Chaque secousse ou séisme politique connaît son lot de déprédations et les réhabilitations ont un coût que le pays ne peut engager.
© AFP
Histoire

On ne connaît que peu de choses sur l'histoire ancienne de la RCA.
Les Babingas, des Pygmées qui vivent toujours dans la forêt de la région de la Lobaye, sont vraisemblablement les premiers habitants du pays.
La première structure étatique connue est le royaume du Kanem, qui, fondé au IXe siècle et islamisé au XIe siècle, étendit sa puissance, depuis le lac Tchad, sur le nord de la Centrafrique actuelle. Aux XVe et XVIe siècles, des populations apparentées aux Nubiens auraient fondé deux royaumes. Les liens étroits avec le Bornou (qui au XVIe siècle dominait le Kanem) permirent à certains groupes de population de participer au commerce transsaharien. (voir Tchad)
Les groupes ethniques Gbayas-Mandjas et Bandas représentent plus de la moitié de la population centrafricaine. Le clivage est important entre ces populations de la savane et les «gens du fleuve» (Oubanguiens) de langue sangho. Des commerçants établis sur les rives de l’Oubangui et qui dominent la vie économique et politique du pays. Dernier groupe important, Les Zandés d’origine soudanaise sont des agriculteurs semi-nomades. Ils vivent entre le nord-est de la République centrafricaine, le sud du Soudan et la République démocratique du Congo.
© Mike Nichols

La plupart des ethnies vivant aujourd’hui sur le territoire centrafricain s’y sont établies à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle. En effet vers 1750, la déportation des populations oubanguiennes par les sultanats de l’Est (Soudan) comme de l’Ouest (Tchad) s’accélère. Les populations de langue soudanaise quittent la savane pour se réfugier dans la forêt. Ils fuient les guerriers peuls et les marchands d’esclaves autochtones, mais en 1780, à leurs tours, les négriers portugais n’hésitent plus à s’enfoncer dans le pays pour capturer ou acheter la précieuse marchandise. Au XIXe siècle, le pays littéralement ravagé par la traite est exsangue. Hélas, sous couvert d’une libération (abolition) une autre menace se profile à l’horizon.
Pasteurs Zandés
En 1884, un pasteur Anglais, Grenfell, parti de Kinshasa découvre le fleuve Oubangui. Des explorateurs Belges et Français le suivent de près.
Le 29 avril 1887, Les territoires situés de part et d’autre du fleuve sont partagés entre la France et l’Etat Indépendant du Congo. L’EIC est en réalité un territoire qui depuis la conférence de Berlin appartient en propre à un seul homme : Léopold II, roi des Belges.

Le 11 décembre 1888, Constitution de l'entité administrative, qui prend le nom de Congo Français le 30 avril 1891. Le territoire de l’actuelle RCA s'appelle alors l’Oubangui-Chari.
Le pays est livré à l’exploitation des entreprises européennes, les populations locales rescapées de l’esclavage sont maintenant soumises au travail forcé. Quel progrès, la civilisation est en marche !

En 1903, l’Oubangui-Chari devient une colonie française, laquelle est intégrée, en 1910, à l’Afrique Equatoriale Française (AEF), dont le gouverneur général siégeait à Brazzaville (Congo). (voir Carte AEF)
Pygmées
Pendant la Première Guerre mondiale, l'Oubangui-Chari envoya plusieurs contingents de soldats combattre dans l'armée française. Ils contribuèrent à la reconquête de Nola et de l'Ouest centrafricain, cédés au Cameroun allemand (Kamerun) en 1911.

De tous les territoires de l’empire colonial français, l’Oubangui-Chari subit l'une des colonisations les plus brutales.

En mai 1928, les Gbayas se révoltent contre le recrutement forcé lors de la construction du chemin de fer Congo-Océan et refusent de payer les impôts. La guerre, dite du Kongo-Wara (guerre des «manches de houes») en pays gbaya, se poursuit jusqu’en 1931. Cette guerre est avant tout une lutte anticoloniale, une insurrection des populations de l'A.E.F. et du Cameroun contre l'impérialisme français.
Au moment où éclate l'insurrection, tous les territoires de l'A.E.F (Gabon, Moyen-Congo, Oubangui-Chari et Tchad) sont les théâtres d'affrontements sanglants mais sporadiques. Déplacements de populations, conquêtes militaires, portage, régimes des compagnies concessionnaires, impôt de capitation, sévices et crimes de toutes sortes, travail forcé - un des principaux instruments de la politique coloniale – éprouvent les populations. Qui vivent la colonisation française comme un véritable traumatisme.
© William Coupon
L'insurrection de 1928, pensée et conçue par Karinou (ou Karnou) à partir de 1923, depuis un petit village de Nahing situé entre Bouar et Baboua (actuelle République centrafricaine) est d'un autre type. Par son ampleur, par la mobilisation des différents groupes ethniques, par sa durée, par son écho au niveau de l'administration locale et en métropole, par l'ardeur des combattants, la révolte qui débute en mai-juin 1928, mérite une place spécifique dans l'histoire de la résistance anticoloniale en Afrique noire.
Toutes les passions humaines, tant du côté des révoltés que des autorités coloniales, se manifestent. A l'appel de Karinou, les haines enfouies font surface, le sentiment et la conscience de vivre un temps nouveau, d’être à l'aube d'une ère nouvelle, une ère de liberté, gagnent les différents villages. Galvanisés par cette force nouvelle les hommes et les femmes du pays se jettent dans le combat avec courage et abnégation. Les forces coloniales de répressions ont l'habitude de ne rencontrer, pendant leurs tournées, que des " peureux " ou des " fuyards ". Cette fois, ils se heurtent à des hommes " nouveaux ". Des " excités " et des " enragés ", comme le mentionnent les rédacteurs des rapports administratifs et militaires.
Partisan d’une résistance passive mais ferme, opposé à la violence, Karinou est pris sans combattre et immédiatement exécuté dès le début de l’insurrection en septembre 1928. Mais la machine est lancée comme dans toute lutte organisée, expliquée et disposant du redoutable support d’un idéal elle s’érige quasiment au rang de révolution.
Après 3 ans d’un combat inégal marqué par les pires exactions, elle est noyée dans le sang. Elle se poursuit cependant localement dans L’AEF jusqu’à 1935.
En Europe, certains esprits éclairés, en dépit de la censure efficace et de la campagne de presse coloniale qui tend à en réduire la nature, commencent à poser les justes questions. Julien Maigret, journaliste au Monde colonial illustré, écrit, en avril 1930 : " La révolte de la Sangha est un épisode tragique, plein d'enseignements, de l'évolution qui travaille l'âme noire depuis le jour où l'homme blanc, qu’il fût français, anglais, belge, ou allemand, peu importe, a prétendu imposé aux indigènes de l'Afrique, son éthique et ses méthodes d'organisation politique."
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'Oubangui-Chari fut l'une des premières colonies à se rallier à la France libre, au mois d'août 1940.
Après le conflit, le régime colonial s'assouplit légèrement. Une loi de 1946 abolit le travail forcé.
Les bouleversements apportés par la colonisation, la conscription, la politique et l’urbanisation en particulier, ont mis en contact des peuples d'ethnies différentes, nécessitant une langue commune pour la communication quotidienne. La volonté des colons est de faire du français cette langue. Mais la scolarisation, bien que mise en avant dans les discours officiels, reste anecdotique. C’est le sangho, la langue du commerce, qui touchant toutes les ethnies devient naturellement la langue commune. Le français lui demeure élitiste.
Un des premier ressortissant de l’Oubangui-Chari à être ordonné prêtre en 1938, Barthélemy Boganda (1910-1959) est élu député à l’Assemblée nationale française en 1946, année où l’Oubangui-Chari devient officiellement un «territoire d’outre-mer». En 1949, il fonde le Mouvement pour l’évolution sociale de l’Afrique noire (MESAN) et organise la lutte pour l'émancipation de son peuple.
En 1958, le pays devient officiellement la République Centrafricaine au sein de la Communauté française. Boganda est Premier ministre. Il tente, avec le Congo et le Tchad, de constituer une union des États de l'Afrique latine, ouverte à l’adhésion des territoires portugais. Mais le 29 mars 1959, Il est victime d’un accident d'avion dont les origines restent à élucider.
Premier prêtre Oubanguien ordonné
(Merci à Jules Bétou pour l'info !)
Le 13 août 1960, l’Indépendance est proclamée. Le président de la République est un instituteur, David Dacko (1928-2003).
En 1964, Dacko procède à une réforme constitutionnelle et s'attribue tous les pouvoirs.
La Constitution donne au sangho le statut de «langue nationale», tandis que le français à celui de «langue officielle».
Rapidement impopulaire, Dacko est renversé par l'un de ses cousins, le colonel Jean-Bedel Bokassa (ex-officier français) en 1965.
Bokassa ne fait pas dans la dentelle, il abroge la Constitution et se déclare «président-maréchal à vie». Le 4 décembre 1976, le congrès extraordinaire du «MESAN rénové» proclama l’Empire centrafricain. Le maréchal Bokassa devient l’empereur Bokassa Ier.
Le 4 décembre 1977, avec l'aide de la France, il organise son «sacre napoléonien», filmé par les télévisions du monde entier.
Depuis longtemps, on ne rit plus en Centrafrique des frasques coûteuses du Monarque.
La liberté d’expression est bannie, les opposants jugés par des tribunaux militaires et, pour la plupart, condamnés à mort.
L’opinion internationale s’émeut enfin, avec la répression sanglante des émeutes de janvier 1979, et plus encore lors de la mort de 26 écoliers à la prison de Ngaragba, en avril 1979. L'intervention d'un contingent français, le 20 septembre 1979, l'«opération Barracuda», met fin au régime de Bokassa alors que celui-ci est en visite en Libye.
Jean-Bedel Bokassa
1921-1996
Les évènements ramènent David Dacko au pouvoir en septembre 1979. Il rétablit les libertés démocratiques et le multipartisme en février 1981. En septembre, le résultat controversé d’une consultation électorale le décide à remettre le pouvoir aux mains du général André Kolingba. Celui-ci interdit les partis politiques en mars 1982, à l’exception du Rassemblement démocratique centrafricain (RDC, nouveau nom du MESAN).

En octobre 1986, le verdict du procès Bokassa est sans appel. Sa condamnation à mort est cependant commuée en réclusion à perpétuité. Il est finalement exilé en France et en Côte d'Ivoire. Décidé à mourir, dans son pays natal, il revient à Bangui où il décède en 1996.
Aide Alimentaire - © MSF
En 1993, Ange-Félix Patassé est démocratiquement élu à la tête du pays. Le pays subit une profonde récession, les salaires des fonctionnaires et militaires de la fonction publique ne sont pas payés, des mutineries éclatent en avril et mai 1996 au sein de l’armée. Les mutins exigent leurs soldes, mais également la fin de la main mise des proches du pouvoir sur le commandement de l’armée et plus particulièrement de la garde présidentielle. En effet, chacun des chefs de l’État s’entoure et réserve ces postes, dès son accession au pouvoir, au profit de son seul groupe ethnique (les Mbanda pour Bokassa, les Yakoma pour Kolingba, les Sara pour Patassé).
La France, qui possède d’importantes installations militaires sur le territoire centrafricain, intervient militairement pour soutenir le président Patassé. Après l’accord avec les mutins, celui-ci annonce la formation d’un gouvernement d’union nationale.
La tentative d’éloigner de Bangui les militaires putschistes se solde par un nouveau soulèvement et à nouveau une intervention française.
Ange-Félix Patassé
1937
En janvier 1997, les accords de Bangui aboutissent à la formation d’un nouveau gouvernement ainsi qu’à la mise en place d’une force africaine de surveillance des accords de Bangui (MISAB), remplacée par une mission des Nations Unies en République Centrafricaine (Minurca) en avril 1998. La France évacue ses bases militaires de Bouar et de Bangui.
Le 19 septembre 1999, bien que les partis d’oppositions se soient unis dans une force de coalition, Ange-Félix Patassé est réélu au premier tour à la présidence de la République centrafricaine avec 51,6 % des voix.
Dans un contexte régional dramatique, avec des voisins, le Tchad et la République Démocratique du Congo toujours en situation de quasi guerre civile, dont les troupes régulières ou les factions rebelles font de régulières et meurtrières incursions sur le territoire national, le 16 mars 2003, le général Bozizé au nom de la concorde nationale et appuyé par les Tchadiens renverse Patassé.

Après plusieurs reports, les élections présidentielles se tiennent finalement  le 13 mars 2005. Le président en exercice François Bozizé en sort vainqueur, à l’issu du second tour le 8 mai 2005, avec 64,6% des voix face à Martin Ziguélé, ancien premier ministre. Un succès conforté par une majorité relative aux législatives pour le parti du Président.

Général Bozizé
1946
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